Groupe de travail 2 sur les enjeux pluridisciplinaires et Systémiques
Dates des Réunions
- Coordinateurs : Marion Bernard, Océane Salignon, Vincent Robin
- Groupe de travail : #1- 05 Fév.24 - #2- 01 Oct.24 - #3- 24 Oct.24 (GT1+GT2)
Objectif de ce groupe de travail
par Vincent Robin« Durabilité » signifie « caractère de ce qui est durable » mais si il est employé sans préciser de quoi il s’agit – la durabilité de quoi ?, le terme devient vite un mot vide sens. La question initiale qui doit nous animer est celle de « À quoi voulons-nous appliquer ce caractère durable ? « , « Que voulons-nous faire durer ? ». Même si la réponse est « tout ce à quoi nous tenons », elle peut varier selon les individus qui vont tenir : à eux-mêmes, à leur famille, à leurs proches, à leur mode de vie, à leur entreprise,.... Ces éléments, même distincts, sont interconnectés, forment un ensemble (un « système ») dont nous allons vouloir assurer la durabilité, c’est à dire faire en sorte qu’il parvienne à reproduire ses caractères essentiels.
Avec la Révolution industrielle, l’être humain a trouvé des moyens scientifiques et techniques d’exploiter plus facilement les ressources naturelles qui, conjugués à l’émergence des économies de marché, ont eu une influence sur notre « bien-être » économique et notre qualité de vie. Ceci a également entraîné une augmentation rapide des effets secondaires positifs ou négatifs (externalités) sur les systèmes présents sur Terre, l’accroissement trop rapide de certaines externalités négatives conduisant à ce que nombre de systèmes ne puissent ni s’y adapter, ni en tirer parti. Le mécanisme de régulation inhérent à ce processus d’adaptation des systèmes s’est ainsi déréglé et la durabilité est une forme de réaction à ce déséquilibre. Elle exige que nous nous questionnons et intéressions sur ses causes et sur la façon dont il s’est produit afin de s’attaquer aux racines du problème et non pas seulement qu’aux symptômes du déséquilibre (ce qui est souvent le cas). La durabilité implique donc la possibilité de limiter des externalités négatives et la nécessité de tenir compte de chaque effet qu’a un système sur les autres. Elle va au-delà du concept liant les trois piliers sociaux, économiques et environnementaux, puisqu’elle oblige de considérer aussi des éléments plus qualitatifs, de nature émotionnelle, esthétique ou sensorielle par exemple.
Dans un tel contexte, et les systèmes humains se caractérisant par des interactions complexes entre un grand nombre de variables toujours changeantes, les défis pour la recherche en génie industriel sur les questions de durabilité et plus largement pour les sociétés humaines sont nombreux. Le principal de ces défis concerne la maximisation des externalités positives tout en réduisant les externalités négatives qui agissent sur un système. Les verrous sont multiples :
1. les moyens parfois limités pour mesurer les externalités qu’elles soient positives ou négatives ce qui rend la mesure de la durabilité du point de vue social, économique et environnemental complexe,
2. le caractère variable des systèmes qui en l’absence d’outils de mesure fiables rend leur conduite complexe.
En termes de recherche académique ou de R&D dans les entreprises, les thématiques étudiées pour lever ces verrous vont concerner la modélisation, la conception et la conduite des systèmes en intégrant les enjeux de durabilité. Les champs de recherche et d’application industriels sont nombreux avec par exemple des travaux relatifs à l’optimisation de l’efficacité énergétique des systèmes, la réduction de la toxicité des activités, les effets de la monétisation de ressources naturelles autrefois gratuites, l’étude et l’amélioration des performance du cycle de vie de produits pour les rendre plus « durables »,... L’un des biais principal de ces travaux, sans remettre en question leur qualité scientifique et technique, réside dans le fait que le terme « durabilité » y est employé mais sans avoir été au préalable défini. Ainsi, beaucoup de travaux peuvent être interprétés en fonction de la perception que le lecteur se fait du concept, ce qui peut entrainer des incompréhension car chacun finalement « ne parle par le même langage ». L’enjeu de clarification est donc nécessaire tant pour les chercheurs pour mieux définir et préciser l’objet et le périmètre de leurs recherches que pour les industriels pour identifier et clarifier les activités durables nécessitant l’accompagnement des chercheurs. Pour le groupe de travail répondre à cet enjeu de clarification nécessitera de se questionner sur :
1. Comment mener des recherches de manière systémique et avec un apport scientifique dans le domaine de la soutenabilité en ayant précisé comment nous définissions le concept et donc dans quel cadre et sur quel périmètre rentrent nos travaux ?
2. Comment avoir un apport scientifique dans le domaine sans tomber dans une logique de réponse à court terme sur des problématiques et objets scientifiques « tendances » sans réels fondements ? (on publie avec des buzz words, culture de la publication sur l'analyse bibliographique)
3. Comment définir et évaluer l’apport scientifique dans le domaine de la soutenabilité en génie industriel ? Résultats et apports purement technologiques ? Optimisation des systèmes qui ne sont pas essence pas durables mais que nous rendons ainsi socialement plus acceptables ?
1/ Analyser le système en place : poser les définitions comprendre son écosystème
préparé par Océane SALIGNON--> Quelques éléments préliminaires sur les enjeux de soutenabilité dans l'ingénierie ici
--> Regards croisés sur les cadres épistémologiques des ingénieurs et des chercheurs et leurs conséquences sur nos activités d'ingénierie et de recherche ici
--> Un cadre global de compréhension des compétences pour la soutenabilité en ingénierie ici
2/ Quels outils on utilise pour situer nos travaux de recherche ?
préparé par Marion BERNARD[BESOIN 1]
Faire le lien avec Groupe 1
- Exemple pour la prise de décision en amont du début des projets Conférence de David Bol
L'évaluation n'a de sens que dans un contexte donné avec les valeurs et l'éthique qu'il y a derrière. Ex. La version Européenne ou Nord-américaine de la soutenabilité sont différentes.
- Besoin d'identifier qui est dans quel contexte de soutenabilité (niveau ?) dans la communauté. Voir les outils de Pohl, 2020 ici - Ou encore un autre outil de Pearce, 2020 ici.
--> Création et diffusion d'un questionnaire pour faire le constat et définir des objectifs de soutenabilité pour chaque chercheur :
lien du questionnaire
Ce questionnaire a pour but de commencer à aborder le sujet de la soutenabilité dans nos pratiques et sujets de recherche avec la communauté SAGIP.
Le questionnaire a été présenté lors du congrès SAGIP 2024
Perspectives au stade actuel
- Positionner les chercheurs de la SAGIP sur la soutenabilité (nouveau questionnaire à réaliser, plus précis)
- Expliciter les ODD selon les différents paradigmes de transition et de transformation écologique
- Aller plus loin avec le placement et l'explicitation des méthodologies par rapport aux différents placements de recherche possibles pour la soutenabilité.
- Lien Groupe 1 : proposer un arbre de décision épistémique (voir la présentation sur les regards croisés ci-dessus) menant à différents types d'évaluation des impacts environnementaux, sociaux, écologiques de nos recherches
- Créer des gradations d'indicateurs pour chaque positionnement dans la soutenabilité.
- pouvoir amener les autres à aller vers des soutenabilités plus fortes
- ex. montrer les interdépendances y compris avec les autres domaines de la société et de la recherche
- Donner les grilles qui sont également transverses, et pas uniquement par CNU
- questionne nos rapports avec les autres pays, avec nos partenaires sur leurs visions / niveaux de la soutenabilité également, leurs propres pratiques.
- Proposer que les 3 points suivants sont de l'ordre de l'opérationnalisation et donner un exemple pour les illustrer.
- Vincent : écrire une trame méthodo opérationnelle pour préparer la suite
3/ Dépasser la logique de Silos des Sciences disciplinaires.
[BESOIN 2] OpérationnalisationOn peut essayer de passer d'une vision problème > solution à une évaluation du système actuel par la modélisation (voir Biblio : Transition Management). Les EC devraient avoir un travail fondamental pour identifier les 'galaxies' dans l'objet de recherche.
Pour pouvoir investiguer les autres champs, procéder par étapes
- Établissement du cadre conceptuel
- Expérimentation, qui va se faire sur un périmètre très circonscrit dans ce cadre. Il faut cartographier les acteurs (liens entre eux) en amont pour comprendre ce dans quoi on s'inscrit. Faire le lien avec Groupe 3
- Redescendre au niveau des comportements utilisateurs
4/ Comment on voit la systémique dans nos résultats ?
[BESOIN 3] OpérationnalisationDéfinition et réflexion (quant à l'ambition d'un travail scientifique) pour bien identifier les possibles les résultats, mais aussi les limites et bais de ces résultats.
- Faire les liens entre les systèmes à différents niveaux, définir des échelles du problème
- Penser comme une cartographie de publication
- Mettre en valeur les disciplines impliquées / schéma de boites et de flèches pour repositionner le sujet entre les disciplines
- Rendre explicites les interactions : connaitre les outils et savoir où s'arrêter dans les interactions
Il y a des conférences que l'on ne connait pas à découvrir (communautés scientifiques françaises trop fermés, plus ou moins de maturités dans les communautés)
La maturité de la réflexion et intégration sur la soutenabilité est différente dans les différentes communautés scientifiques
5/ Prototypage pour prouver les concepts
[BESOIN 3] OpérationnalisationPour le passage à l'échelle, la question de la duplicabilité doit être expliquée et justifiée. Une expérimentation marche dans certaines conditions initiales, mais souvent on oublie les conditions initiales. La vision systémique permet de comprendre ces conditions. Ce n'est pas une duplication mais une transposition : "dans les pays où il n'y a pas d'argent, on se repose sur l'Homme. Dans les autres, on se repose sur la technologie".
Dans cette méthodo de décomposition du scope du sujet en domaines, disciplines : analyser la soutenabilité du point de vue de ces acteurs. Comment est-ce que la soutenabilité est perçue ?
Aller chercher les indicateurs des autres : a-t-on une influence dessus ou pas ?
Proposition : travail collectif sur la soutenabilité des circuits courts
Bibliographie
- Freeth, R., Caniglia, G. Learning to collaborate while collaborating: advancing interdisciplinary sustainability research. Sustain Sci 15, 247–261 (2020). https://doi.org/10.1007/s11625-019-00701-z
- Wiek, A., & Lang, D. J. (2016). Transformational sustainability research methodology. Sustainability science: An introduction, 31-41.
- Bijon, N. (2022). Une promesse plausible pour la symbiose territoriale. Étude théorique et expérimentale de l’initiation de démarches de gestion concertée des produits résiduaires organiques (Doctoral dissertation, IMT Mines Alès)
- Ceschin, F., & Gaziulusoy, İ. (2019). Design for Sustainability (Open Access): A Multi-level Framework from Products to Socio-technical Systems. Routledge.
Evènements & Restitution
Congrès SAGIP - 29 Mai 2024
Suite à l'envoi du qestionnaire test, 10 retours ont été fait : GT2-Questionnaire_autopositionnement (21.9kB)L'avancement des travaux du groupe 2 ont été présentés : GT2_Presentation-Congres_SAGIP (0.7MB)